Parler « Politique » en Afrique… brûle la langue !

Dans certains pays africains parler politique est devenu un sujet tabou voire un casse-tête. Quand il s’agit de commenter une actualité médiatique relatant un fait politique, la plupart de gens préfèrent rester bouche close pour ne pas s’attirer la foudre sur eux. Au lieu de se laisser abattre par un ouragan de représailles, certains d’entre eux sont contraints d’accepter le statu quo de la réalité factuelle contre leur propre gré.De plain pied, cette docilité de la masse témoigne un manque d’intérêt et un certain dédain manifeste à l’égard de la politique.

La culture politique de certains africains ne leur permet pas de saisir les faits et phénomènes politiques. La représentation du politique en Afrique est assimilée aux éléments suivants: vol, tueries, malversations économiques, bêtise, mensonges, corruption, parrainage, copinage (dans le sens politique du terme), instrumentalisation, anarchie, paternalisme, que sais-je encore ? Il y a ceux qui perçoivent la politique comme un domaine réservé aux initiés d’autres comme une source d’accumulation et de richesse. Pour cela

, parler et discuter sur des questions politiques n’est pas le propre de chaque individu. C’est un cadre diabolisé, marginalisé par une majeure partie de la population africaine. Cela étant, cette masse populaire manifeste une certaine tendance à se passer de tout ce qui a un caractère politique. Les raisons de cet escapisme sont multiples et varient d’une contrée à une autre mais avec quelques similitudes. D’une part, ceux qui expliquent cette discrétion mettent l’accent sur le manque de modèles politiques. D’autre part, il y a ceux qui stipulent qu’ils ont reçu un mauvais héritage. Pourtant la politique n’est pas un fruit du hasard, elle fait partie intégrante des différents aspects de la vie, à côté de l’économie, du social, du culturel, et j’en passe. Ces derniers font souvent objet de discussion sans crainte, librement dans les sociétés. Faire son entrée dans la carrière politique en Afrique a souvent été considéré comme porter atteinte à sa propre vie.

Pourquoi cette méfiance et ce dédain à l’égard de la « politique » ?

Étymologiquement, le concept « politique » signifie l’art de gérer une cité autrement dit ce qui se rapporte aux affaires publiques. Cette conception freine pas mal de gens parce qu’ils n’y pigent pas grand chose et n’y perçoivent aucun avantage ni d’intérêts directs. La politique est une arme à double tranchant. D’une part, c’est une source d’accumulation en se dotant d’une promotion dans les hautes instances politiques et d’autre part, c’est un camp où les sympathisants font face et subissent les effets de l’instrumentalisation inconsciemment. Ceci dit, c’est aussi un espace restreint de liberté d’expression. Ces différents enjeux illustrés ci haut offre une belle occasion à ce mépris et manque d’intérêts accolés à tout ce qui se rapporte à la politique. Pour dire que parler politique constitue encore un défis qui gangrène certaines sociétés africaines surtout celles marquées par des systèmes à régime dictatorial.